Voyage à Tribschen

Bâle, Lucerne, Zurich, du 26 au 29 septembre 2017

Tribschen et la Villa Wesendonck sont des lieux mythiques que tout Wagnérien désire con­naî­tre. Ce fut le rêve exaucé pour une quinzaine d’adhérents du Cercle de Paris. Tout au long de ce voyage, nous avons été accompagnés par un conférencier, Yvan Aurenty, qui, avec beaucoup de gentillesse et de compétence, nous a fait partager sa grande culture.

Bâle

A défaut de nous parler de Wagner, qui n’a pas séjourné à Bâle, notre conférencier en profite pour nous parler de la Réforme, qui aura des incidences sur de nombreux lieux que nous visiterons. A l’instar de Luther en Allemagne, un prêtre suisse, Zwingli, est convaincu que seule la Bible peut montrer un chemin qui permet de se débarrasser de la complexité des lois ecclé­sias­ti­ques. Avant celle de Luther, la traduction zurichoise de la Bible est développée. Nous ver­rons ainsi, au cours de notre voyage, que les lieux de culte catholiques sont maintenant con­sa­crés à l’Église Réformée.

Une promenade à pied dans la vieille ville nous conduit sur la place du théâtre, animée par des jets d’eaux de Jean Tinguely (1925-1991). L’artiste suisse étudia la peinture à l’École des Beaux-Arts de Bâle, avant de s’éta­blir à Paris comme sculpteur. Dans un vaste bas­sin, neuf créations métalliques articulées évoquent, avec humour et fantaisie, l’agitation inutile de l’homme.

La cathédrale (Münster), vaste édifice en grès rouge des Vosges, reconstruite aux XIVe et XVe, a été restaurée au XIXe. À l’intérieur, on peut voir la pierre tombale d’Érasme. Sur la gauche de l’édifice, on découvre le portail de St-Gall, du XIIe, vestige de la période romaine.

Le Musée des Beaux-Arts possède la plus grande collection au monde des œuvres de la famille Holbein, grâce au collectionneur bâlois Basilius Amerbach, dont le père était l’ami d’Érasme et de Holbein. Réalisme saisissant du Christ mort, aux membres raidis et aux extrémités noires. Superbe tableau du peintre néerlandais Hendrick Goltzius, avec Hermès présentant l’allégorie de la vanité.

Puis, nous découvrons un tableau peint par Arnold Böcklin, artiste bâlois : L’Île des morts. Suite à une commande privée, l’artiste a peint une série de cinq tableaux, qui incitent à une méditation, qu’on peut assimiler à un silence visuel.

Le musée rassemble une remarquable collection, présentant les impressionnistes fran­çais, les cubistes, les expressionnistes… Nous nous attardons devant deux tableaux du peintre suisse symboliste Ferdinand Hodler : Lac de Genève et Lac de Thoun.

Lucerne

Contraint de quitter l’hospitalité de la famille Wesendonck à Zurich, Wagner part d’abord en Italie, puis revient en Suisse. Il arrive à Lucerne, et prend pension au Schweitzerhof, situé au bord du lac des Quatre Cantons. Il y achè­vera Tristan et Isolde. Malheureusement, à Vienne, après 70 répétitions, l’opéra est déclaré irréalisable.

Le Musée Richard Wagner à Tribschen

Grâce au soutien de Louis II, Wagner peut s’installer dans une superbe maison, au cœur d’un paysage idyllique, sur les rives du lac, à Tribschen. Son épouse, Minna, étant décédée, Cosima, toujours mariée à Hans von Bulow, le rejoint, avec ses filles. Cosima donnera nais­sance à deux autres filles et à  Siegfried. À l’occa­sion de l’anniversaire de Cosima, le 25 décem­bre 1870, Wagner composa Siegfried Idyll, œuvre pour 13 instruments. Wagner déclarera que c’est à Tribschen qu’il a vécu les plus belles années de sa vie.

La famille Wagner y séjournera de 1866 à 1872, et y accueillera de nombreux amis, tels que Nietzsche, Judith Gautier, Villiers de l’Isle Adam… Dans cette villa, transformée mainte­nant en musée, on découvre une précieuse série de lettres et de partitions, ainsi que le piano à queue, de marque Érard, sur lequel Wagner a terminé la composition des Maîtres chanteurs de Nuremberg et de la dernière partie du Ring.

En 1938, Toscanini dirigera, à Tribschen, un concert de gala, qui sera considéré, par la suite, comme l’acte de naissance du Festival de Lucerne.

La ville est célèbre pour ses deux ponts en bois couverts, dont l’un est décoré de 67 panneaux de bois peints qui représentent une danse macabre. Une promenade dans la vieille ville nous conduit à l’Église des Franciscains, datant du XIIIe, qui présente une magnifique chaire ouvragée du XVIIe. D’un tout autre style, l’Église des Jésuites, parfait exemple du style baroque, présente un maître-autel décoré d’un gigantesque retable de stuc et de marbre rose.

En fin de matinée, nous faisons une courte croisière sur le lac des Quatre Cantons, pour arriver à Vitznau, d’où nous prenons un train à crémaillère, qui nous conduit au Mont Rigi, à 1 800 m. Le soleil est au rendez-vous, et nous jouissons d’un panorama merveilleux, qui permet de découvrir les lacs, le Mont Pilate… Ce fut un temps fort de notre séjour en Suisse.

Zurich

Au Musée des Beaux-Arts, spacieux et lumineux, nous admirons le tableau, très célè­bre, d’un peintre zurichois, Rudolf Koller : La Poste du Gothard, qui est devenu un emblème de l’art suisse, car un tunnel ferroviaire devait remplacer cette diligence pour franchir cette montagne. Magnifique tableau de Giovanni Segantini, adepte de la technique du division­nisme. Une petite incursion dans la peinture moderne nous permet d’admirer un auto-portait de Van Gogh à l’oreille coupée, peint à Arles.

Nous terminons notre première journée zurichoise par une représentation de Salomé à l’opéra, dont vous pouvez lire la critique de Chantal Barove.

Pont en bois couvert et église des Jésuites à Lucerne

La ville de Zurich est très liée à la vie de Wagner. Il y trouva refuge en 1849, après son départ précipité de Dresde. Il habitera d’abord dans des maisons appartenant à la famille Escher. Suite à une rencontre fortuite, Otto Wesendonck lui proposera de l’héberger, avec son épouse, Minna, près de sa villa, qu’il venait de faire construire. Dans un magnifique parc bien arboré, nous découvrons cette Villa Wesendonck, de style néo-classique, d’où l’on pouvait, dans le passé, contempler le lac.

Otto Wesendonck et son épouse, Mathilde, seront fascinés par la personnalité de Wagner. On connait les liens qui se sont tissés entre Wagner et Mathilde, jeune femme de 24 ans qui écrira les cinq poèmes connus sous le nom des Wesendonck Lieder. Certainement inspiré par Mathilde, Wagner composera le 1er acte de Tristan. Après un scandale de Minna, sa propre femme, Wagner dut quitter Zurich. Les Wesendonck revendirent leur propriété, ce qui explique qu’il n’y a aucun meuble de la période pendant laquelle Wagner y a vécu. La villa abrite maintenant un musée extra-européen, le musée Rietberg, du nom de la famille Rieter, qui a acheté la propriété.

Une visite à la cathédrale (Grossmünster) nous rappelle qu’elle est le symbole de la Réforme en Suisse alémanique. Zwingli y prêcha la réforme de 1519 à sa mort.

Au retour, nous évoquions déjà des destinations futures !!!

Annie Benoit