Le Vaisseau Fantôme

Cinquantenaire du Cercle National Richard Wagner – Paris : 1er acte,
Caen, les 28 et 29 avril 2015

 

Caen a beaucoup souffert de la 2e Guerre Mondiale, notamment en 1944, lors du débarquement de Normandie. Heureusement, il reste quelques maisons des XVe et XVIe siècles, de nombreuses églises, l’Abbaye aux Hommes (abritant le tombeau de Guillaume le Conquérant) et l’Abbaye aux Dames (tombeau de la reine Mathilde).

Notre première après-midi fut donc con­sa­crée à la visite de cette vieille ville.

Le groupe du Cercle
admirant les immeubles (!!) de la vieille ville de Caen

En soirée, au Théâtre de Caen, nous étions 26 adhérents du CNRW – Paris à assister au Vaisseau Fantôme. Ce spectacle est le fruit d’une co-production entre le Wagner Geneva Festival, le Théâtre de Caen et Les Théâtres de la Ville de Luxembourg.

Le théâtre de Caen est un bâtiment moderne, qui vient d’être rénové. La salle, dans les tons rouges et gris, sous une voûte étoilée, bénéficie d’une excellente acoustique.

Dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, nous étions quelques-uns du Cercle de Paris à avoir déjà applaudi cette production à Genève, le 2 novembre 2013 (cf. compte-rendu dans La Lettre du Cygne d’hiver 2014). Cette version originale du Vaisseau Fantôme, écrite à Paris en 1841 par un jeune Wagner de 28 ans, jamais représentée de son vivant, comporte des variantes avec la version créée à Dresde en 1843 : Daland s’appelle Donald, et Erik, Georg.

Le metteur en scène, Alexander Schulin, a signé une mise en scène moderne et inventive, s’inspirant de l’expressionnisme allemand. Avec sa décoratrice, Bettina Meyer, ils ont opté pour un décor unique, cale ou coursive d’un navire en perspective, évoquant un huis clos carcéral, dans lequel évolue une Senta hallucinée, une poupée de chiffon à la main, à l’effigie du Hollandais. L’opéra se passe dans la tête de Senta, qui vit son rêve en somnambule, et mélange fiction et réalité. Il n’y a pas de finale rédempteur, dans cette version.

La somptueuse soprano suédoise Ingela Brimberg
est une vibrante Senta

La distribution de Caen est sensiblement différente de celle du Bâtiment des Forces Motrices de Genève, mais elle reste d’une grande homogénéité, et les voix prennent même plus d’ampleur dans cette salle dotée d’une meilleure acoustique. Georg est ici interprété par le ténor néerlandais Marcel Reijans, et Donald, par la basse chinoise Liang Li, à la présence impressionnante. La somptueuse soprano suédoise Ingela Brimberg, qui nous avait déjà enthousiasmés à Genève, est une vibrante Senta, à la voix rayonnante aux aigus éclatants. Elle est presque constamment sur scène, avec un tempérament de feu et une réinterprétation éblouissante. Le baryton-basse américain Alfred Walker, avec son timbre de bronze puissant et nuancé, est, une nouvelle fois, un Hollandais terrifiant. Les duos entre les artistes sont d’un lyrisme poignant.

Le chef français François-Xavier Roth dirige son orchestre Les Siècles, composé d’instruments français d’époque. Pascal Morvan, son assistant, et hautboïste dans l’orchestre, nous a expliqué, après le spectacle, que ces instruments anciens donnent des sons plus petits et ont des couleurs plus sombres et un rythme plus tranché que les modernes. Du fait de leur grande fragilité, leur sonorité est plus chantante, et suscite davantage d’émotion.

Nous tenons à remercier la Direction du Théâtre de Caen, qui nous a chaleureusement accueillis, et nous a conviés à un cocktail de fin de spectacle, pendant lequel nous avons pu converser amicalement avec les solistes du Vaisseau Fantôme. Parmi les artistes du chœur des Siècles, nous avons eu le plaisir de retrouver Séverine Maquaire, mezzo-soprano, qui a été l’une de nos boursières à Bayreuth, il y a 10 ans.

Pour revoir leur spectacle créé à Genève, Georges Schürch, président du Cercle Romand de Genève, et Martine, son épouse, avaient fait le voyage en Normandie.

Séverine Maquaire
qui a été l’une de nos boursières à Bayreuth
était parmi les artistes du chœur des Siècles
ici en compagnie de Chantal Barove
lors du cocktail de fin de spectacle

Ceux qui sont restés le lendemain ont pu visiter les musées dans l’enceinte du Château (Musée des Beaux-Arts, Musée de Normandie…), et déjeuner au restaurant Café Mancel, dans une ambiance conviviale.

Le 2e acte du cinquantenaire du Cercle a eu lieu en Italie. À suivre…

Chantal et Alain Barove