La figure de Richard Wagner a joué un grand rôle dans le développement de Gustav Mahler en tant que chef d’orchestre et en tant que compositeur. À l’exception de Parsifal, Mahler a dirigé tous les opéras de Wagner, de Prague (1885) à New York (1908), avec un succès toujours grandissant. Dans le cadre de cette conférence, l’on se concentre sur Mahler interprète de Tristan, en examinant deux productions en particulier : le Tristan de Vienne en 1903 et celui de New York en 1908. Si la production viennoise a marqué l’histoire de la mise en scène d’opéra par son esthétique moderniste – préfigurant le Bayreuth de Wieland Wagner dans les années cinquante – celle du Metropolitan Opera a été perçue comme un retour en arrière, avec des décors naturalistes inspirés du premier Tristan produit par Cosima Wagner à Bayreuth en 1886. Alma Mahler a noté que le Tristan new-yorkais était une « fête pour les oreilles, et non pour les yeux », ce qui nous ramène au commentaire de Wagner sur Tristan, qui « n’offre pas grand-chose à voir, mais beaucoup à entendre ». Ainsi, au-delà de ces différences fondamentales d’esthétique, se pose la question du rapport entre les dimensions sonores et visuelles, ainsi que celle du rôle de la mise-en-scène dans le contexte d’un drame essentiellement intérieur.
La conférence est suivie d’une analyse d’une symphonie de Mahler par Hervé Le Guennec.
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British Academy Postdoctoral Fellow à l’université d’Oxford (Jesus College), Anna Stoll Knecht mène actuellement un projet de recherche sur Mahler interprète de Wagner, en tant que chef d’orchestre et compositeur. Ses publications incluent une monographie intitulée Mahler’s Seventh Symphony (éd. Oxford University Press, Studies in Musical Genesis, Structure & Interpretation), à paraître en 2018.