Adorno, critique de la « fantasmagorie » wagnérienne, par Dorian Astor

Publié le - 15h15Hôtel Bedford

Theodor W. Adorno (1903-1969) est l’un des principaux représentants de l’École de Francfort, un mouvement majeur de la philosophie au XXe siècle, qui a hérité de Kant et de Hegel, de Nietzsche et de Marx, de la psychanalyse et de la sociologie. Rationalisme désenchanté dressé contre les ravages de la rationalité occidentale, la théorie critique s’est confrontée aux tragédies du siècle des totalitarismes. Or, Adorno, également musicologue et compositeur (il étudia auprès d’Alban Berg), attacha une importance toute particulière à la musique, comme en témoignent d’importantes études sur la musique sérielle, Berg, Mahler, la sociologie de la musique, etc.

Mais c’est à son Essai sur Wagner que le nietzschéen Dorian Astor (et aussi passionnément wagnérien qu’adornien) s’attachera dans cette conférence. Partiellement rédigé en 1937-1939, puis publié, dans sa version définitive, en 1952 (entre les deux, l’irréparable rupture incarnée par Auschwitz), cet ouvrage expose la critique la plus radicale du compositeur. Wagner, dans l’hypertrophie de ses moyens expressifs, aurait figé, dans le cercle magique d’une « fantasmagorie » aussi enchanteresse que fallacieuse, une totalité aux conséquences idéologiques dangereuses, et qu’il était impératif, au milieu du XXe siècle, de déconstruire. Que pouvons-nous penser, et surtout apprendre, de cette analyse aujourd’hui ?

>> Synthèse de la conférence par Anne Hugot Le Goff

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Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’allemand, Dorian Astor est philosophe, écrivain et musicien. Il est l’auteur, aux éditions Gallimard, de Nietzsche. La détresse du présent (2014), de deux biographies (Nietzsche, 2011, et Lou Andreas-Salomé, 2008). Il publie également Deviens ce que tu es. Pour une vie philosophique (Autrement, 2016), de nombreuses traductions, notamment divers textes de Freud (Flammarion, coll. GF, et Gallimard), un Dictionnaire Nietzsche (Laffont, coll. Bouquins, 2017), prépare un Dictionnaire Deleuze dans la même collection (à paraître en 2019). Il codirige les tomes II et III des Œuvres de Nietzsche, à paraître dans la Bibliothèque de la Pléiade, et est le co-auteur de Opéra-ci, opéra-là (Gallimard, 2009).

Formé au chant classique au conservatoire d’Amsterdam (1998-2003), il a conservé un lien étroit avec la musique, et notamment Wagner : il a publié Comprendre Wagner, co-écrit avec l’historien allemand Hermann Grampp (Max Milo, 2013), ainsi que l’édition critique française de Ma Vie de Wagner (Perrin, 2013). Depuis 2015, il bénéficie d’un contrat doctoral à l’École polytechnique, pour une thèse de philosophie consacrée au concept de perspectivisme, et, depuis 2017, il est chercheur associé à l’ITEM (équipe Nietzsche et son temps), une unité de recherche CNRS / ENS.

Il a travaillé comme dramaturge auprès de nombreuses institutions musicales (Opéra National de ParisPéniche OpéraOpéra-Orchestre National de Montpellier, la Scène nationale d’Orléans, etc.). Il est l’auteur de deux livrets : Chantier Woyzeck, un opéra d’Aurélien Dumont créé en 2014, et Orphée, un opéra pour enfants de Jean-François Verdier qui sera créé au Capitole de Toulouse en juin 2019. Depuis 2013, il est co-directeur artistique des Heures Romantiques entre Loir et Loire, une académie internationale consacrée au Lied et à la mélodie.

Après huit ans passés entre Berlin et Paris, Dorian Astor vit désormais à Strasbourg, où il est chargé de cours à la faculté de philosophie de l’université.