Les mises en scène à Bayreuth depuis 1950, par Guy Cherqui

Publié le - 20h00Hôtel Bedford

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La question de la mise en scène à l’opéra prend souvent des allures de « bataille d’Hernani » entre les supposés « anciens » et les supposés « modernes » ; on fustige l’ère des metteurs en scène, la trahison des livrets qui piétinent les « intentions de l’auteur ». Le débat sur la mise en scène n’est pas neuf, il remonte à Wagner lui-même, qui disait regretter de ne pas avoir inventé le « théâtre invisible » plutôt que l’orchestre invisible. Winifred Wagner, Wieland Wagner, Wolfgang Wagner et aujourd’hui Katharina Wagner ont été ou sont accusés d’être des fossoyeurs de l’opéra wagnérien.

Dans ce débat, depuis Wieland Wagner, la question se focalise sur Bayreuth, arbitre des élégances en matière de mise en scène d’opéra. C’est le Ring de Chéreau qui ouvre les vannes du « Regietheater » en Allemagne, et qui fait partout accéder à l’opéra des artistes, souvent formés dans l’ex-RDA à l’ombre ou à l’école de Brecht, qui vont proposer des productions qui remettent en cause le rôle de la mise en scène à l’opéra, jusque-là surtout limitée à une illustration mimétique du livret. Cette révolution a été, à chaque fois, officialisée par Bayreuth ; révolution Wieland, puis révolution Chéreau, qui est, par sa nature de « laboratoire » (Werkstatt, un terme inventé par Wieland et exploité largement par Wolfgang Wagner), un élément de cristallisation des débats.

Dans tous les débats sur la mise en scène, Wagner n’est jamais loin, parce que c’est lui qui pose la question de la scène à l’opéra, construisant un théâtre où le visuel domine (la musique est cachée), ce qu’aucun autre théâtre d’opéra n’osera par la suite. L’innovation dans la mise en scène, c’est d’abord un credo wagnérien.

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Guy Cherqui, agrégé de Lettres, est inspecteur pédagogique régional honoraire. Il a mené une vie parallèle de spectateur engagé, qui a découvert la force de la mise en scène à partir du Ring de Chéreau, qu’il a vu six fois au Festival de Bayreuth. Depuis, il défend les démarches scéniques novatrices. Il vient de publier, avec David Verdier, un ouvrage bilingue français-allemand sur le Ring de Frank Castorf (2013-2017) à Bayreuth, et écrit dans les revues Amadeus (Milan) Platea Magazine (Madrid) et Opernwelt (Berlin). Il est fondateur du blog du Wanderer (2009) et du site du Wanderer (2016) qui défendent chacun ardemment la mise en scène comme un art d’aujourd’hui…