JP

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  • en réponse à : Revoir le Parsifal de Syberberg #1855

    JP
    Participant

    La plupart des décors du film de Syberberg proviennent de l’imagerie du XIXème siècle: on peut les ordonner selon deux critères: les uns sont les authentiques aquarelles ou peintures des décors de la première de Parsifal, les autres proviennent d’illustrations ou de peintures réalisées par des artistes du XIXème séduits par les sagas wagnériennes. C’est dire que le film réclame non d’être vu mais d’être lu, dans le sens d’une archéologie de l’imaginaire germanique de la période. Cette façon de faire dénote une ambition démesurée chez son auteur, car le cinéma devient avec lui un instrument d’exploration de la créativité des périodes révolues, lesquelles fondent jusqu’à l’histoire contemporaine (cf. les figures de nos propres démons, étalées autour du trône de Klingsor) . Donc, pas question ici de moderniser -ce à quoi on aurait pu s’attendre, s’agissant de « cinéma »- mais au contraire d’ouvrir sous nos yeux la malle contenant les images de référence de l’imaginaire de l’époque. La musique wagnérienne en gomme l’hétéroclite. Souvenons-nous, par exemple, de Boulez décrivant sa direction comme une volonté de ne pas gommer les différenciations qui existent dans le matériau wagnérien, trop souvent effaçées selon lui par les chefs traditionnels. Voilà pourquoi j’ai le sentiment d’être en présence avec Syberberg, d’une archéologie plutôt que d’une mise en scène, d’un méta-opéra cinématographique plutôt que d’une représentation. Et cela, qu’on le veuille ou non, c’est une nouveauté dans le champ du wagnérisme, qu’on peut mettre au crédit, je crois de Syberberg.
    Il se trouve que ce film est naturellement relié aux films précédents du cinéaste, et qu’on saisit plus facilement l’esprit de cette réalisation quand on a vu Requiem pour un roi vierge ou le monumental Hitler (l’utilisation des marionnettes dans la mouvance du texte de référence de Kleist, ou Titurel dépeint en Louis II, celui qui se sert du spirituel comme d’un bien propre, dévolu à sa survie personnelle, etc….)
    La question qui se pose est la suivante: Syberbeg n’est-il pas un utopiste, qui finit par composer un film sur la laine de Wagner, franchissant une limite que d’autres, qui n’ont ni sa culture ni ses scrupules ne se gênent pas de violer allègrement? Personnellement, je ne le crois pas, même s’il est sans cesse sur la corde raide. Et puis, pour une fois que le cinéma nous élève….. Est-ce si fréquent?

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