Von Tronje

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15 sujets de 1 à 15 (sur un total de 41)
  • en réponse à : Représentations à Bayreuth souhaitées par Richard Wagner, suite. #2954

    Von Tronje
    Participant

    Un autre courrier de Palerme.

    Une lettre du 13/3/1882 destinée à H. v. Wolzogen que Wagner a jugée suffisamment importante pour la publier dans le dernier tome de ses œuvres en prose (éd. française tome XIII) et me permettre ainsi de continuer à ratiociner !
    Je cite :
    « Je considère donc que ces reprises du Parsifal seront une excellente école pour la génération actuelle d’artistes ……….
    ……..Fonder ce savoir, tel devrait-être le but de notre école qui pourrait ensuite accueillir aussi mes anciens ouvrages avec le succès qui leur est dû. »
    (Le mot ensuite est en italique dans le texte.)
    Wagner, donc, ne réservait pas Bayreuth qu’à la Tétralogie ou Parsifal.
    Il avait d’ailleurs abandonné le Ring au public ; mais il aurait voulu préserver Parsifal « car avec ce poème, j’ai pénétré dans une sphère qui devrait à juste titre rester absolument interdite à nos théâtres. »
    [J’ajouterais à certains metteurs en scène.]

    Wagner dans cette lettre oppose le Patronat au grand public dont la contribution n’aspire plus à réaliser une idée, mais se borne à payer une place au théâtre.
    Il est très proche de Nietzsche et de son : « On avait traduit Wagner en allemand ! Le wagnérien l’avait emporté sur Wagner ! «
    Mais le pire n’était pas cet impératif économique.
    « Incroyable ! Wagner était devenu pieux… »

    Cependant Nietzsche envisageait d’assister à la première de Parsifal.
    En mars il part en Sicile, trois semaines à Messine, alors que Wagner est à Palerme. Mais la rencontre n’eut pas lieu.
    Malgré tout Il étudie la partition pour piano et prépare (pour la deuxième) sa sœur ainsi que Lou von Salomé:
    « Ma chère sœur, c’est tout à fait ce genre de musique que je faisais dans mon adolescence, à l’époque où je composais mon oratorio…

    Question en suspens : Qui de Wagner ou de Nietzsche a l’égo le plus démesuré ?

  • en réponse à : Que penser du Tristan et Isolde de Berlin 2018? #2871

    Von Tronje
    Participant

    C’est avec plus d’appréhension que d’impatience que j’ai commencé à regarder ce qu’annonçait le programme : Tristan et Isolde.
    Dès que j’ai vu mémé Isolde en charentaise, dans son peignoir mal fermé avec une mine de lendemain de libations exagérées (en français = de cuite)
    j’ai pensé : tu t’laisse aller, tu t’laisse aller. Avec cet air en tête, peu compatible avec une vision sereine de l’ouvrage j’ai coupé la retransmission.
    Je ne les ai donc pas vu glousser ni sautiller, Je ne l’ai pas vu s’endormir pendant le duo.
    Tristan en écoutant la mélancolique mélodie du berger se remémore la mort du père et encore plus triste celle de sa mère.
    J’ai donc manqué la résurrection des parents, je ne le regrette pas.

    Si je vous suis généralement sur vos analyses des voix, vos critiques des mises en scène,
    je ne partage pas toujours entièrement les pistes alternatives que vous proposez.
    Mais là ! Tristan : un oratorio un peu long : ‘’sacrilège’’. Un texte rasoir : ‘’blasphème’’.
    En pénitence vous écouterez deux fois de suite Numance suivi de trois fois 4’30’’ de John Cage.

    Plus sérieusement essayez de vous procurer de Claude Lust aux éditions La Cité le « Wieland Wagner et la survie du Théâtre Lyrique ».
    Les propos sont datés mais il fournit une analyse de la scène V de l’acte I avec 11 croquis vis-à-vis de la partition.
    J’y ai vu l’explication du pourquoi j’avais trouvé ce Tristan génial :
    la progression dramatique n’est plus une succession de faits scéniques mais une progression visuelle des rapports expressifs des éléments représentatifs, chaque déplacement prenant un caractère de nécessité.

    Pour Richard Wagner le poème est indissociable de la musique, Wieland rajoute le geste (ou l’immobilité) à cette première union.
    C’est ce tout qui perfectionne le drame.
    Encore une fois : génial. Wieland parachève l’oeuvre de son grand-père !

    Laissons tomber Platon, Freud et tutti quanti.
    Laissons tomber tout ce qui rattache au jour :
    ‘’selbst dan bin ich die Welt – seul je suis moi, le Monde’’ le und disparait
    ’ewig einig ohne End – l’un à l’autre pour toujours = Eternel uni sans terme’’

    Tristan et Isolde (celui de Wagner) est plus qu’une passion terrestre, écoutez cela dépasse les mots même, pour toucher au sacré. (Rien que ça !!!).
    L’idée de l’oratorio : –drame lyrique sur un sujet sacré sans décorations, ni costumes dans un concert ou solennité religieuse- vient à votre esprit-.
    Alors ?
    Wieland supprime la décoration pour créer un espace, il utilise le cuir pour imiter la peau et éviter le costume, il a Bayreuth pour cette quasi solennité religieuse.

    Finalement votre intuition se révèle pertinente
    Mais il manque un Wieland.

  • en réponse à : Mises en scènes de Bayreuth #2808

    Von Tronje
    Participant

    Mais, moi, j’aime les „coups de glotte“ !

    J’aime le jour de fête de Tonio qui enchaîne ses huit contre-uts et j’aime aussi ce bis (+8=16 !) qui me fait culpabiliser d’être complice d’un désastre possible à venir (la voix est fragile).
    Mais comment ne pas être en sympathie avec l’innocente vanité d’un artiste qui a atteint une certaine perfection dans son exploit.
    J’aime Sémiramis et la pureté de son contre-mi triomphant ou celui pianissimo d’une lady Macbeth.

    C’est souvent du Swarovski seulement, parfois c’est le Cullinan !
    C’est magique parce qu’en situation… à l’opéra.

    Je déteste l’abandon du coup de glotte pour la nouvelle mode où pour terminer son air on utilise du parler-crier pour faire dramatique.

    Commentaire de Wagner pour la Vestale :
    Mme Schroeder-Devrient dans Fidelio.
    Dans la phrase : « un pas de plus et tu es mort ! » elle prononçait mort presque sans intonation vocale…
    l’impression extraordinaire que j’en avais alors éprouvée moi-même……… lorsque je retombais brusquement sur le dur terrain de l’horrible réalité, comme frappé par le brutal coup de hache du bourreau……
    Ce moment unique et solennel ; il n’est pas permis de l’évoquer par un jeu intéressé.
    Dans La Vestale « il est libre »
    Elle se laissa entraîner à parler ces mots au lieu de les chanter.
    Le mot rauque, prononcé presque sans tonalité, nous glaça, le public et moi, comme une douche froide, et nous n’y vîmes qu’un effet théâtral manqué.

    Différence entre le presque sans intonation et le presque sans tonalité.
    Rien que la nuance !
    « Oh ! la nuance seule fiance
    Le rêve au rêve et la flûte au cor ! »

    Notre époque a perfectionné on ne prononce même plus on crie et même quasi : on éructe !
    Ce qui m’a fait abréger ma période nostalgie. (Les Faust, Aïda, Carmen, récents)
    Le cas du Parsifal de Vienne est plus complexe même si j’ai abandonné en cours de visionnage, les chanteurs étant remarquables.

    Quand à l’usage d’une idée géniale avec discernement des metteurs en scène ?
    Mon mauvais esprit me pousse à dire qu’il est difficile d’avoir plus d’une idée,
    ma raison que c’est une façon de se faire reconnaître (base du succès)
    Prenez une pose de profil hiératique, ou mettez des gradins sur toute la largeur de la scène, ou multipliez les valises en carton, vous identifiez le metteur en scène et le public est satisfait de sa culture.
    J’oubliais les toilettes et le cercle d’hommes politiques occupés à y-lire.
    Par suite, Je n’avais donc pas voulu acheter des places pour la Tétralogie et je crains avec le Covid (accord par syllepse : le virus nommé…)
    et les nombreuses diffusions de mises en scène
    (géniales, pour sûr)
    qu’elles ne soient qu’un entraînement pour des artistes magnifiques à jouer devant des salles vides.

    Avec la diffusion audio en FM Bayreuth attirait les auditeurs, qu’en est-il avec les diffusions vidéos récentes ?

    Accessoirement sur le site Facebook du Cercle
    Quel rapport entre Wagner et les élections en PACA ?
    Monsieur Py m’a expliqué que je pouvais assister à Lohengrin sans culpabiliser.
    D’autres oukases m’auraient-ils échappés?

  • en réponse à : Mises en scènes de Bayreuth #2801

    Von Tronje
    Participant

    A Garnier,
    j’ai assisté à un opéra dodécaphonique où il y avait plus de musiciens dans la fosse que de spectateurs dans la salle.
    J’ai suivi un temps l’exemple de ces absents.
    Quand je suis revenu, j’ai compris l’utilité des surtitres : savoir si l’on assistait bien à l’œuvre que l’on avait réservée !
    J’ai ressorti mon Adorno et conclu que j’étais intellectuellement hermétique à un univers hyper référencé.
    Résigné, par facilité, j’ai collé sous l’étiquette Regieteather tous les spectacles dont le génie (arrogant d’après vos dires) m’échappait.

    Je vous accorde que Kupfer que je ne connaissais pas sort du lot nettement et que je préfère de loin sa vision du Rhin à celle de Chéreau.
    Votre invite à comparer m’a amené à rechercher diverses versions du Ring : actuellement 25 (vingt cinq !) intégrales vidéo de l’Or du Rhin sont facilement accessibles.
    Cette fois je chante comme le Sifroid de Geneviève de Brabant : « l’excès en tout est un défaut, j’en ai mangé plus qu’il ne faut……….hélas je suis fixé : c’est une indigestion » ; encore que pour un wagnéromane ….

    Par ailleurs, je vous soupçonne d’agiter malicieusement un chiffon rouge devant mes yeux.
    Un même état d’esprit devant Nessun dorma et le récit du Graal, une même attente !
    O heilige Schmacht !
    O schmälicher Harm !
    Götternot !

    Nessun dorma : l’archétype du coup de glotte, on prend son souffle et l’on tient sa note, le public en délire (de préférence dans un cirque ou une arène pour le coté corrida) crie et obtient un bis, puis l’orchestre prélude un temps et s’arrête pour que le chanteur puisse s’incliner humblement la main sur le cœur. L’action repart et le partenaire suivant peste contre l’auteur qui n’a pas prévu un second air de bravoure pour renchérir !

    J’ai le souvenir d’une Aïda en 6/1965 avec Nancy Tatum, Rita Gorr, Paul Finel (?) Ernest Blanc (?).
    Tous les chanteurs, tous, ont bissé leur air. Du délire dans la salle, une soirée d’opéra exceptionnelle.
    (Décor de la création, mise en scène d’époque = Peu de souvenir), mais c’était de l’opéra, des voix !
    Vraiment une soirée marquante, un sommet.
    J’ai vu récemment (un extrait seulement) d’une Aïda
    dont le ténor laissait entendre qu’il lui était difficile d’exprimer ses sentiments envers une marionnette style art brut.
    Décor de la création ! Mise en scène revisité ! Futurs souvenirs ? C’était de l’opéra !!!, mais où est l’émotion ?

    De Wagner : je ne me souviens pas d’un seul bis.
    Le récit du graal : vraiment une autre attente.
    La diva à besoin de notes il n’y en a pas dans Wagner sauf peut-être les points d’orgue de Siegmund sur Wälse (sol bémol, sol)
    La diva (américanisé) Melchior tient le premier plus de deux fois plus longtemps que tous ses collègues et même trois fois plus longtemps que Domingo, Jérusalem, Monaco. Il est le seul dont le premier est tenu plus longtemps que le second.
    Résultat : sur scène, peut-être.
    Encore que ce coté performance n’a pas sa place chez Wagner.

    A l’écoute je pense à la leçon de chant de la Fille du régiment quand la marquise crie à Marie : Assez ! Assez !

    Wagner c’est vraiment autre chose, vous le savez vous qui l’écoutez.

  • en réponse à : Mises en scènes de Bayreuth #2744

    Von Tronje
    Participant

    Il me faut chanter la palinodie :
    le Regietheater n’est pas nécessairement un tissu d’inepties et ses décors uniquement des images sans rapport avec l’œuvre.
    J’ignorais le Ring vu par Kupfer.
    Pour les décors.
    L’Or du Rhin s’ouvre avec cet éclairage laser qui immobilise les eaux du fleuve en un plan lisse.
    Ce Rhin dont l’origine physique est indéfinie ne nait pas du lointain de la perspective, il ne s’écoule pas : il est.
    Il fige aussi par là même l’écoulement du temps qui n’est plus linéaire.
    Une curieuse sensation de temps hors du temps, la concrétisation abstraite d’un évènement passé mais toujours existant !!!
    Ce plan lisse permet aussi aux filles du Rhin de plonger littéralement pour se baigner dans le rayonnement doré de l’or donnant ainsi une image remarquable.

    Dans la Walkyrie le pendant de ce temps figé c’est l’espace, qui lui, devient illimité.
    Avec le décor circulaire de Wolfgang Wagner l’espace était étroitement circonscrit.
    Hugin et Munin pouvaient explorer le monde et Wotan devenir le Wanderer.
    Avec Kupfer c’est devenu impossible et Wotan en perdant l’information, le savoir, perd son reste de pouvoir.
    Interroger Erda n’y changera rien.
    Il s’agite beaucoup mais c’est qu’il est déjà englué dans la malédiction d’Alberich dont il ne peut s’échapper.

    C’est une nouvelle façon de présenter l’œuvre, une nouvelle perspective qui l’enrichi sans la trahir.

    Wagner écrivit qu’un français ne pouvait comprendre le Freischütz parce qu’il se poserait toujours la question :
    pourquoi 7 balles enchantées et non 10 ou même 12 ?
    Je ne saurais m’opposer à son jugement aussi :
    au 3ième acte.
    Première réaction : qu’est-ce que c’est que (sic !) cette passerelle qui se déploie ?
    Et là intervient la mise en scène :
    Les Walkyries courent dans tous les sens mais sans donner l’idée de désordre, seulement le sentiment qu’elles sont encore sous l’emprise de l’excitation des combats menés : du grand art.
    Autre artifice précédent quand Wotan furieux frappe le sol de sa lance et que l’espace se déchire : la scène se casse brutalement.
    Il y aurait des dizaines de remarques à noter mais en rapport avec l’œuvre non avec des théories fumeuses dont le seul intérêt est qu’elles passent avec les modes qui les ont suscitées.
    Avec Siegfried et le Crépuscule plus on se rapproche du temps présent réel connu plus les questions se multiplient et souvent la réponse est dans la mise en scène.

    Pour ceux qui ne connaissent pas cette version, l’actualité nous laissant des loisirs, précipitez-vous…
    Faites-vous votre propre jugement.

    Ce ring est aussi une réponse à votre question inaugurant ce forum :
    « Une question me vient à l’esprit : pourquoi les chanteurs wagnériens comptent-t-ils si peu de dive ? Pourquoi est ce plutôt dans le bel canto, voire le vérisme, que des chanteurs ont pu susciter une telle passion chez leurs fans, ….
    .Jonas Kaufmann semble en voie de divinisation mais la route est encore longue…. »

    J’attendais que vous nous fournissiez vous-même la réponse !
    « Fabuleuse direction d’acteurs…. voix modestes, mais incarnant leurs personnages.
    Regardez tous les plus petits gestes, comme ils sont justes et signifiants »
    Oui ces chanteurs comprennent ce qu’ils chantent donc leur mimique et leur jeu est juste ; Ils transmettent un message, le sens de leur histoire et une vérité à l’œuvre.

    A contrario le dive ou la diva est un chanteur dont le but est le son.
    Tant qu’ils ont de la voix ils peuvent en sus interpréter et ne sont alors connus que des connaisseurs
    puis vient le moment de la notoriété où devenu Diva l’oeuvre n’est qu’accessoire.
    Le nouveau public vient pour guetter le moment où l’artiste va lancer, qui un contre-mi, qui un ut,
    puis le temps faisant son œuvre il vient guetter le moment où l’artiste va craquer son mi, son ut.
    c’est le moment où il faut être.
    Mieux encore, si le spectacle est interrompu (doublure prévue ou non, remboursement ou non, scandale)
    De quoi animer quelques repas.
    On a quitté Wagner pour l’opéra où le discours n’a pas d’importance.

    « Tous les grands maîtres ont à cœur d’éviter que l’on comprenne leurs personnages…Que Rossini ait eu un peu plus de cynisme, ses personnages n’eussent plus chanté que Tra-la-la ; et ce n’eût pas été sans raison ! Car il ne faut pas croire « sur parole », mais « sur son », les personnages d’opéra. »
    (Nietzsche Le Gai Savoir 80)
    Mais ce n’est que de l’opéra et je vous ai toujours soutenu que Wagner c’est autre chose.

    Les grands chanteurs wagnériens pas des divas ? A Bayreuth ils restent les serviteurs d’un monde parallèle idéal.
    Les passions et l’enthousiasme s’expriment autrement et si un temps le silence concluait certain acte de Parsifal ce n’était pas par manque de « fan ».

    Aussi contrairement aux propos tenus sur Face-book, même avec les contempteurs qui y sévissent, il faut continuer d’aller à Bayreuth, parce que le pèlerinage est déjà une partie de l’œuvre !

  • en réponse à : Mises en scènes de Bayreuth #2724

    Von Tronje
    Participant

    Puisse votre fuite devant l’épidémie nous amener la surprise d’un nouveau Décameron !
    (Une nouvelle par jour ! Un opéra par jour ? Je plaisante naturellement).

    Votre définition des qualités d’une bonne mise en scène dénote que vous avez, à priori, une profonde connaissance d’une œuvre longuement fréquentée.
    Je plaide non pour rechercher quelque chose de nouveau, d’inattendu mais pour exposer simplement un ouvrage, le mettre en valeur.

    Je vous abandonne la mise en scène d’Haneke du Don Giovanni, je ne l’ai pas vue.
    Mais, bien que je n’aime pas le personnage de Don Juan : « un méchant homme » ?
    j’y vois plutôt un personnage aux prises avec l’absurde.
    Sa transgression c’est le sexe débridé, les jupons en dentelles ne sont qu’accessoires pour émoustiller le spectateur.
    L’interrogation de Don Juan trouve sa réponse dans sa damnation car Mozart reste prudent, Dieu n’est pas encore mort !
    Don Juan, sa seule grandeur est dans son refus. (Sur un sol aigu forte, ce qui montre combien le repentir est difficile pour un baryton !)

    Pour l’interprétation de Guth, je crois que j’en ai déjà oublié une grande partie et ma foi, je vous l’abandonne aussi.
    Notre différent porte finalement plus sur la conception des personnages et plus encore sur leur entourage.
    « Un monde de minables, mu par des mauvais sentiments ».
    « Minables » :
    Elsa ?
    Telramund ? Peut-être, manipulé qu’il est par sa femme.
    Le peuple ? N’oubliez pas la panne électrique dans le Brabant (voir Bayreuth)
    S’éclairer à la bougie ne facilite pas l’héroïsme :
    Faust veut se suicider, Pimène gratte ses parchemins, Philippe II est déprimé ;
    Vous le constaterez avec la fermeture de Fessenheim et les retards bureaucratiques prévisibles au moment de la remise en fonction des centrales à charbon. Surtout lors des coupures qui nous sont annoncées si l’hiver est froid.
    (Ce qui est le propre d’un hiver, simple rappel pour nos élites, encore que maintenant la température n’est plus celle mesurée mais celle ressentie).

    « Mauvais sentiments » :
    Si je ne craignais d’être importun et si vous en aviez le loisir, je vous demanderais de préciser.

    De mon côté sous votre influence, Je viens de débuter le Ring vu par Kupfer.

    J’ai noté votre subtile, mais majeure et très importante distinction entre directeur d’acteur et directeur de chanteurs.
    Chéreau a reconnu dans un entretien qu’il ne connaissait et ne comprenait aucune des contraintes liées au chant, seulement, il a travaillé ces points et modifié ses approches.
    Entre le Ring chahuté de 1976 et le dernier triomphal il y a tout ce travail.
    Pour le centenaire outre le fait d’avoir des français, un manque de temps, un Boulez qui rêvait de diriger un festival Massenet en Province,
    Peduzzi qui jugeait complètement raté un de ses décors, le final du Crépuscule jugé si mauvais qu’il fut refait en un week-end !
    Le spectateur impartial s’il en existe parmi les wagnériens pouvait avec ce patronage émettre quelques réserves en 76 et applaudir après 5 ans de travail en 80 sans se déjuger.

    Si j’ai été un peu excessif avec le Regietheater
    c’est que je ruminais le courrier du Président de la Wagner Society of New Zealand et son ton de commisération pour « le pauvre vieux Nietzsche …qui a rejeté le compositeur comme s’effondrant au pied de la croix. »
    Que Wagner ne soit pas sectaire n’exclut pas son allégeance au christianisme.
    Il le revendique même, en témoigne le Comte de Villiers de l’Isle-Adam sous le contrôle de Cosima Wagner dans un
    Souvenir
    En automne 1868, je me trouvais à Lucerne : je passais presque toutes les journées et les soirées chez Richard Wagner.
    ………………………………………………………………….
    Un soir, à la tombée du crépuscule, assis dans le salon déjà sombre, devant le jardin,…………………………………………….
    — je demandai, sans vains préambules, à Wagner, si c’était pour ainsi dire, artificiellement ………………qu’il était parvenu à pénétrer son œuvre, …
    — et le Parsifal auquel il songeait déjà — de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, — bref, si, en dehors de toute croyance personnelle, il s’était trouvé assez libre-penseur, assez indépendant de conscience, pour n’être chrétien qu’autant que les sujets de ses drames-lyriques le nécessitaient ; s’il regardait, enfin, le Christianisme, du même regard que ces mythes scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en ses Niebelungen.
    …………………………………………………………………………………………………………………..
    — Mais, me répondit-il en souriant, si je ne ressentais, en mon âme, la lumière et l’amour vivants de cette foi chrétienne dont vous parlez, mes œuvres, qui, toutes, en témoignent, où j’incorpore mon esprit ainsi que le temps de ma vie, seraient celles d’un menteur, d’un singe ? Comment aurais-je l’enfantillage de m’exalter à froid pour ce qui me semblerait n’être, au fond, qu’une imposture ? — Mon art, c’est ma prière :……………………………………………………………………………………………………………………….. — il faut donc à l’Artiste-véritable. à celui qui crée, unit et transfigure, ces deux indissolubles dons : la Science et la Foi. — Pour moi, puisque vous m’interrogez, sachez qu’avant tout je suis chrétien, et que les accents qui vous impressionnent en mon œuvre ne sont inspirés et créés, en principe, que de cela seul.
    Tel fut le sens exact de la réponse que me fît, ce soir là, Richard Wagner — et je ne pense pas que Madame Cosima Wagner, qui se trouvait présente, l’ait oublié.
    Certes, ce furent là de profondes, de graves paroles…
    ― Mais, comme l’a dit Charles Baudelaire, à quoi bon répéter, ces grandes, ces éternelles, ces inutiles vérités.
    Comte de Villiers de l’Isle-Adam.

    (Texte complet dans la Revue wagnérienne du 15 juin 1887)

    Le pauvre « vieux » avait 40 ans (30 ans plus jeune que Wagner) Il n’a jamais cessé de l’aimer : il a critiqué les wagnériens, les Allemands, son reproche le plus pathétique, reflet de son désespoir, est dans le Gai Savoir :
    Wagner s’est renié ! (mais il avait 70 ans, la fille de sa première femme, les filles de Cosima, son fils à élever avec un opéra à payer à crédit) Nietzsche touchait les 2/3 de sa pension et il était seul (c’est plus facile).

    Alors je transposais Nietzsche : Wagner tombé chez les allemands.
    Bayreuth tombé dans le Regietheater allemand.
    Même désespoir.

    P.S. j’en fait peut-être un peu trop.

  • en réponse à : Mise en scène Parsifal en 1882 #2690

    Von Tronje
    Participant

    Parsifal, (et la mise en scène de Wagner), encore
    L’utilisation par Wagner d’un décor mobile se déplaçant horizontalement pendant que Gurnemanz et Parsifal marchent vers la forteresse du Graal est bien connue ainsi que la nécessité de rallonger pour des questions techniques la durée de l’interlude musical « il va falloir que je compose de la musique au mètre ! ».
    J’ai trouvé une précision sur ce tour de force qui impressionna les auditeurs :
    Ce n’est pas un simple film qui défile représentant successivement une forêt, une falaise, un temple.
    Ce sont des lés de toile peinte ajourée disposés l’un derrière l’autre sur trois nivaux se déroulant sur des cylindres et donc la possibilité pour Wagner de jouer sur des perspectives.
    Pour que l’espace et le temps se confondent : « Zum Raum wird hier die Zeit ».
    (et toujours rien sur la lance).

  • en réponse à : Mise en scène Parsifal en 1882 #2685

    Von Tronje
    Participant

    Bonjour
    Les cours étant pas mal perturbés ces jours-ci, peut- être n’est-il pas trop tard pour rapporter quelques précisions que j’ai trouvées dans un article de Walter Panofsky : l’apothéose du Festival.
    (chapitre IX, collection génies et réalités, Wagner, Hachette)

    Après avoir rappelé Wagner : « je voudrais bien inventer le théâtre invisible »et le décalage entre souhait et réalisation il affirme que son imagination, à lui, était insuffisante, de même que la technique ; le premier éclairage de la scène de Bayreuth était alimenté au gaz… pour le Ring en 1876.
    De même pour Parsifal en 1882 car ce n’est qu’en 1888 que « l’installation de l’éclairage à l’électricité ouvre désormais de nouvelles possibilités » (que Wagner, donc, n’a pu connaître pour illuminer son Graal).
    Cosima, elle, veut respecter le plus possible les directives du maître. Par exemple, le décor du temple par Joukovski n’a jamais été changé (détruit en 1934 seulement).
    Sans doute faudra-t-il attendre 1951 et Wieland Wagner pour avoir ces atmosphères lumineuses géniales et inégalées depuis plus d’un demi-siècle !
    P.S. toujours rien sur le jet de la lance.
    Une curiosité la flèche que décoche Guillaume Tell (dans celui de Grétry) avec un truc tout simple qui déclenche les applaudissements du public.
    artifice qui pourrait être adapté à Bayreuth si la lance existe encore ?
    Nothung étant devenue Kalachnikov et Tannhauser (version française) encerclé par des pistolets menaçants.
    Enfin, le confinement nous aura épargné certains délires programmés.

    Cordialement

  • en réponse à : Mise en scène Parsifal en 1882 #2668

    Von Tronje
    Participant

    Bonjour,

    Puisque Parsifal est d’actualité ces jours-ci, puis-je vous signaler que vous pouvez à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit
    (avantage du confinement !) voir et revoir celui enregistré par l’Opera Vlaanderen d’Anvers.
    Sur https://operavision.eu
    Disponible en streaming jusqu’au 6 octobre 2020.

    Cordialement

  • en réponse à : Tannhauser en français #2542

    Von Tronje
    Participant

    Dans la série des diffusions à des horaires tardifs qui peuvent échapper à l’attention :

    Un autre Tannhäuser (La Fenice 2017) vu par le metteur en scène du prochain Ring à Bastille : Calixto Bieito.
    Sur France 2
    Nuit du lundi 13 au mardi 14 à 0h15.
    (Avec une rediffusion probable dans quelques jours)

    Si vous partagez l’analyse de la critique, vous aurez le temps de vous inquiéter pour votre Tétralogie !
    Mais cependant, faites-vous votre propre opinion.

    P.S.
    Pour le rituel de la conjuration du sort, n’était-ce pas un « truc » de metteur en scène influencé par le Regietheater !

  • en réponse à : Mise en scène Parsifal en 1882 #2535

    Von Tronje
    Participant

    Bonsoir,

    La littérature consacrée à Wagner est tellement importante qu’une des difficultés est de trouver le bon document. Je serais curieux de savoir si vous avez eu une réponse à votre question.
    Le critique du journal hebdomadaire illustré « la Musique populaire » du jeudi 10 août 1882 ne signale pas d’effet particulier sur la lance.
    Il est surtout frappé par le décor se déroulant horizontalement, l’obscurité de la salle et par contraste de « ces enchantements féeriques qui éblouissent l’œil du spectateur et lui procurent les sensations les plus étranges ».

    Si vous ne l’avez déjà fait consultez
    La Revue wagnérienne où se trouvent plusieurs chapitres, en relation avec vos recherches, intitulés : document de critique expérimentale : Parsifal
    Ces textes sont accessibles sur le site http://obvil.sorbonne-universite.site
    (Puis corpus/critique/revue –wagnerienne/tome III /chapitre 2, 3 (jeux de scène), 7, 8
    De même que : Chronique Paris 8/11/1885

    Pour l’éclairage du Graal.
    La lampe à incandescence date de 1879, Bayreuth et son théâtre étaient-ils déjà électrifiés en 1882 ?
    Notez que quand j’étais plus jeune les rues étaient éclairées par des becs de gaz et l’escalier de mon immeuble aussi. (Assez éblouissants).
    Notez aussi que je n’étais pas à la première de Parsifal !

    Bonne (re)lecture de la Revue wagnérienne.

  • en réponse à : Tannhauser en français #2509

    Von Tronje
    Participant

    C’est que je vous avais suivi sur votre site et que vous regroupiez Rossini, Donizetti et Bellini dans un groupe pour partie (…), ennuyant.

    Mais votre admiration pour la Callas, qui les a beaucoup chantés, me permet de plaider et d’argumenter :
    n’écoutez pas les connaisseurs, (sauf si vous savez qu’ils le sont), car, vous avez à votre disposition toute une série d’enregistrements « pirate »
    par exemple, pour Norma en plus des deux commerciaux au moins sept, de 1950/52/53/55/58/65.

    Vous aurez ainsi une idée de l’évolution parallèle du physique et de la voix, de l’influence d’une perte de poids très importante ; et c’est vrai que cette voix que vous appréciez tant était encore plus inouïe avant d’avoir une artiste à la silhouette affinée.
    Elle est devenue, après sa perte de poids, plus irrégulière dans ses prestations, irrégularité qui lui a permis malgré tout une Lucia di Lammermoor exceptionnelle (piratée en 1955) avec Karajan (un sextuor bissé !, un Di Stefano au sommet, une scène de la folie surpassant tout).
    Pour Rossini, écoutez son Armida (pirate de 1952.) Elle y est fabuleuse.
    Callas est encore dix, mille fois mieux que dans ses enregistrements de studio.
    Conclusion : abstenons-nous des conditions « normales »

    Dispensez-vous de sa Norma de Paris en 1965. Si vous y étiez vous comprendrez que je trouve que c’est une mauvaise action de l’avoir pérennisée et que l’ambiance était malsaine.
    Callas me permet aussi de contrer votre pique à l’égard de Montserrat Caballé.
    Ecoutez la scène finale du Pirate de Bellini : vous aurez l’incarnation de la dualité Apollon/Dionysos (à moi Nietzsche… (sic!))
    Caballé : Le jeu un peu statique, une coiffure toujours impeccable, soit, mais la beauté du son pur. Apollinienne !
    Callas : une incarnation plus dramatique. Dionysiaque !
    Je ne saurais choisir d’autant que Caballé a ma sympathie pour s’être même risquée au finale du Crépuscule de Dieux.

    Pour terminer avec Wagner et Callas
    Son Isolde qu’elle a joué 12 fois (1947/48/50) et sa Brünnhilde (1949 Venise et Palerme) malheureusement n’ont pas, été conservées.
    Seule reste sa Kundry, en studio, avec Boris Christoff /Panerai/Modesti et faisant leur début A.-M. Canali et Truccato-Pace en filles-fleurs. Mais en italien ce qui est un peu déstabilisant.
    Quand à Georges Thill (in cauda venenum), je crois que la beauté de sa voix, son émission, ses rôles, son timbre, le rapprochait plus de Caballé que de Callas. (Si, si !)
    Pour me faire pardonner : recherchez ou bien réécoutez, (ce que je vais faire), le 33 tours Thill-Wagner avec trois extraits de Lohengrin dont le duo de la chambre, trois de la walkyrie (Siegmund), deux des Maîtres et un de Parsifal, en français naturellement.
    Ainsi que : « Gloire à toi, O ma Déesse » de Tannhauser.
    Au fait quelqu’un a-t-il écouté la retransmission du 28/09 ?
    (Il est vrai que l’horaire n’était pas très favorable.)

  • en réponse à : Tannhauser en français #2506

    Von Tronje
    Participant

    Si j’étais musicologue, je serais flatté d‘être de vos amis, hélas avec le temps mes souvenirs ne sont plus que des réminiscences et donc je vais chercher
    -doctus cum libro- l’illustration de mes timides pensées chez Wagner lui-même, Nietzsche et (un peu,.. très peu) Schopenhauer.

    Mon premier Tristan ? Aucune étude, aucune notion d’allemand, un livret même pas ouvert et pourtant !!!
    Un choc, une sidération, dont je ne me suis pas remis, comme beaucoup d’entre nous.
    Aussi, non seulement je vous comprends mais je vous approuve dans votre approche.
    Le seul détail est : ce n’est pas que « bouffie» l’on chante ou joue nécessairement mal !

    J’ai le souvenir de sopranos avec un bel estomac pour parler comme Ronsard ou avec les plaisirs de la conversation très avantageux ayant des voix merveilleuses.

    Si votre premier Boris ou votre première Tatiana avaient été disgracieux, cela aurait-il valu de vous priver par un jugement péremptoire et définitif de ces œuvres ? Laissez-leur une chance.
    Je ne désespère pas de vous amener à Bellini et à Norma (que Wagner admirait, il a même composé un air pour Orovèse), par l’écoute : tant pis fermez les yeux, de « monuments » du bel canto.

    P.S. Méfiez-vous des « vrais » connaisseurs.

  • en réponse à : Tannhauser en français #2503

    Von Tronje
    Participant

    Lorsque Berlioz dans le Journal des Débats du 9/2/1860 rédige sa critique :
    Concerts de M. Richard Wagner- La musique de l’avenir

    Il écrit : « …. Je crois que l’effet serait plus extraordinaire encore si l’auteur eût évité les conflits de sons comme ceux qu’on a à subir dans la seconde phrase, où le quatrième renversement de l’accord de seconde majeur et le retard de la quinte par la sixte produit des dissonances doubles que beaucoup de gens (et je suis du nombre) ne peuvent ici supporter ».
    C’est cela qui me fait dire que Berlioz est un musicien : il dissèque la partition.

    Lorsque Wagner lui répond dans le même journal le 22/2/1860
    « Ma pensée va un peu plus loin ; et d’ailleurs n’étant pas théoricien de ma nature, je devais abandonner à d’autres le soin d’agiter ce sujet, ainsi que la question puérile de savoir s’il est permis ou non de faire du néologisme en matière d’harmonie ou de mélodie ».
    Il parle d’Eschyle, du drame.
    C’est cela qui me fait dire que Wagner est dans une autre dimension.

    Il a quand même apprécié Berlioz.
    Le 14/1/1882 après que Rubinstein ait joué des extraits de l’arrangement de l’ouverture de Tannhaüser au piano,
    « il nous dit (Wagner) qu’un aspect de la première partie d’Harold en Italie l’a influencé. »
    A l’exposition agricole du 1/6/1878, « un coq avec sa magnifique perruque le fait penser à Berlioz par la nervosité de ses mouvements, celle toute emmêlée, d’un autre lui rappelle la chevelure embroussaillée de Beethoven. »
    Quand on connait l’admiration de Wagner pour Beethoven il ne semble pas y avoir là de malveillance mais plutôt un ressenti du comportement de Berlioz.

    Que vous ayez des avis bien tranchés et une formulation un peu abrupte qui m’ont parfois désarçonné, je vous le concède.
    Mais de grâce, pas définitifs, vous vous priveriez de maints chefs-d’œuvre.

    car vous soulevez à juste titre le problème des mises en scène des ouvrages peu joués ou peu connus qui peuvent massacrer une œuvre.
    Encore que même pour les plus célèbres… !!
    J’ai lu qu’un metteur en scène a fait suivre les déplacements sur scène des chanteurs par une personne traduisant en langage des signes le livret !
    Les ouvrages étant maintenant sur-titrés cela suppose à tout le moins une redondance dont le sens m’échappe !
    (mais faut-il croire tout ce qui s’écrit sur la toile ?)

    Je vais ressortir mes enregistrements des Troyens, laissez-moi un peu de temps pour vous répondre.
    Déjà, sans attendre, tout l’acte cinq est remarquable, (celui avec le final où retentit la marche troyenne.)

  • en réponse à : Tannhauser en français #2499

    Von Tronje
    Participant

    Notez que ce livre est maintenant disponible avant les conférences.

    Berlioz/Wagner

    Ne me reposez pas la question : « pourquoi n‘êtes-vous pas intervenu après la conférence ? ».
    Timoré ; je craignais d’être voué aux gémonies : oui, Berlioz est un musicien, oui, Wagner ne l’est pas !
    Tous le proclament. Schopenhauer le voit seulement poète,
    Nietzsche (lui qui aurait voulu être musicien) ne voit en lui qu’un dilettante !
    Le censeur ou plutôt, la censeuse, (pour être de notre époque) de notre Cercle,
    [notez que je ne saurais comment ‘planter’ la rectrice d’académie si la situation se présentait]
    voit en lui un type peu sympathique !

    Tous ? Sauf un : Von Tronje : « Ce n’est pas un musicien » ? Et alors ?
    « C’est un sale type » ? Et alors ?

    Ce que je sais : c’est qu’après le Crépuscule des Dieux dirigé par Gergiev, 2400 personnes sont restées silencieuses pendant de très, très longues secondes avant d’exprimer leur enthousiasme.
    Ce silence seuls ceux qui savent, ceux qui ressentent ce que peut-être l’Art, peuvent le comprendre.
    On ne peut expliquer l’ineffable.
    Par sa gestuelle, notre conférencière a pu faire pressentir la différence entre Berlioz et Wagner.
    Les deux sont admirables, l’un pour l’opéra dans sa filiation avec Gluck, l’autre dans une autre dimension !

    C‘est vrai aussi que Berlioz était présent dans la pensée de Wagner (60 références dans le journal de Cosima). Il a même envisagé de revoir les œuvre de Berlioz, (lundi 4 novembre 1872), d’y supprimer les éléments grotesques, et bref de le sauver pour la postérité « car c’en est maintenant fini, les Français ne le jouent plus, ils préfèrent jouer Lachner, Raff, Schuman, mais Berlioz est quand même beaucoup plus important ».

    Laissons cette conclusion à Wagner.

    P.S. Un espoir, on rejoue Berlioz !

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